samedi 16 mars 2013

10 km de Villeurbanne, 16 mars 2013

Grosse perf, 38'56'', objectif amplement atteint
15,6 km/h de moyenne, 3'53'' au kilo, 178 (90%) au cardio
171e sur 700 ( ça envoyait à tous les étages!)

Réveil de bon matin un dimanche à 6h du mat après une nuit chargée en belles images de montagne et de stackline, à ne pas trop savoir ce que je vais faire, mais je me lève d'un bon pied, celui qui va allonger la foulée, aller chercher les ressources profondes qui te soulèvent dans les airs et t'envoient caresser les humeurs des éléments, et goûter la sensations qui t'imposent le tempo d'un coeur réglé comme une horloge. Je me lève pour taper un 10 kilomètres.

Direction Villeurbanne, banlieue de Lyon, 1e sortie avec mon club que j'ai intégré il y a maintenant 6 mois, 1e vrai course de reprise pour se situer en début d'année, entrevoir les efforts entrepris depuis 2 mois et la blessure, après une année 2012 riche en course à pied et en trail. Recherche de performance évidente mais surtout recherche de repères pour la suite de la saison, envie de se rassurer aussi. Enfin, un vieux contentieux à régler et l'intention d'écrire une ligne dans notre histoire entre potes.

Weetabix mon ami, donne moi de la force, dernier préparatif dans le calme absolu du pré chabert, et retrouvaille à 7h à grenoble avec 10 motivés de la foulée du dimanche. L'ambiance est détendue, ça discute de chose et d'autre, de quoi évacuer la petite pression d'avant course et se mettre bien.

On arrive 1h avant le départ, récup de dossard et les choses sérieuses commencent. Les premiers pas répondent doucement mais surement. Reco quasi complète du parcours, le départ approche. Ce type d'épreuves se joue sur un effort court, une quarantaine de minutes, mais te demande une intensité d'une rare longueur. C'est bien différent avec un trail dans son déroulement, mais son approche a quelques similitudes, une adrénaline qui monte, une concentration qui s'installe, un échauffement qui consiste à ressentir et écouter son corps, le temps de la stratégie de course est pour plus tard, pendant la course, ça ne sert à rien d'intellectualiser avant, ça épuise et puis c'est tout.

9h30, bim, ça part à toute vitesse, un concentré d'athlètes de tout poil est présent, on ne cherche pas ici la mosaïque de couleurs ou l'échange de bonne humeur que l'on trouve au départ d'un trail, mais je me colle aux premières lignes, j'ai le sourire aux lèvres et je suis bien décidé à envoyer du paté. Démarrage fort oblige pour se placer, ça se bouscule, une barrière à éviter, un virage à 90° à 200m puis une 1e ligne droite pour se connaître et se reconnaître dans les allures des autres. Il y a les gens du club, dont nelly qui partait aussi sur 39', et je pars et m'accroche à elle.

Je pars sur les 2 premiers kilos à 3'45, ça répond donc pas mal au niveau des jambes, du cardio et du gastrique! Mais je sens que je tire un peu fort sur la corde et que c'est clair que je suis au dessus de mes perf et de ma résistance, il va falloir ralentir et se caler à un rythme régulier moins soutenu. Mais quelques secondes de gagner, c'est toujours ça de pris.
Au bout du 3e, je suis à 11'27''! soit 33'' d'avance sur les 40' et même 15'' sur le 39' et donc sur la voie du 38' ! L'excitation est là et laisse place progressivement à la gestion et la stratégie, je me mets à un cardio et une vitesse limite de seuil acceptable, qui me permettra de me mettre dans de bonnes conditions pour la fin de course. Tout est dans l'équilibre entre une foulée la plus facile possible et une "perte" de temps minimal à cardio constant autour de 170 puls (85%). 
C'est le moment aussi de mettre en pratique quelques enseignements du yoga, respiration fluide, relâchement des épaules, souplesse dans les genoux, le bassin, la mâchoire et les neurones aussi, on se détend quoi !
Il faut aussi gérer de se faire doubler sur cette portion, jamais bon pour le moral, mais il faut tenir, en me disant que je les reverrai plus tard. En sus, je m'acclimate aux rafales du vent, je cherche à l'optimiser par des  petits regroupements, de jouer à cache-cache ou encore de se laisser porter quand il est de dos.

On arrive au 5e, je suis dans un temps très correct, 19'15'' même si les 38'' ce ne sera quand même pas pour aujourd'hui, je suis sur la bonne voie des 39', il ne me reste plus qu'à  reproduire la même chose... Sachant que les 2 premiers kilos étaient surdimensionnés, il va falloir être plus performant que les 3 derniers. Pas le temps de s'arrêter au ravito, je commence à essayer de m'accrocher aux coureurs qui me doublent. Un premier groupe me dépose après 500m, ce n'est pas grave mais je commence à sentir le dur avec ce changement de rythme provoqué et réalise ce qui m'attend: rester sous les 39' devra aller se chercher avec les dents.
Ceci dit, il ne faut pas faire n'importe quoi dès le 6e, 15mn de seuil max n'est pas possible, il faut donc que je pousse sur les bras, les nerfs et les jambes, rester à l'écoute du cardio.  Rare les courses dans lesquelles j'ai laissé exprimé autant de concentration et de détermination. 

Et soudain, entre le 6e et le 7e, surgit mon lièvre, taillé comme une baraque à frites sans graisses. C'est le moment, je passe la 4e, je sors le crochet et je le mors, je me fous dans son sillon, pas pour pas, trajectoire pour trajectoire, relance par relance. Clairement, je change de dimension, j'explore de nouvelles perspectives, le mode frac long se met en place, celui qui consiste à se mettre au maximal power mais pas encore dans le rouge écarlate.
Je redouble et rattrape quelques coureurs pour la 1e fois depuis le départ, bon point pour le moral ! Au niveau allure, je reprends 5'' au kil sur les précédents, je vois du 3'53-54' au 7e, 8e. Je n'ai plus le discernement pour les temps de passages et du calcul de différence. La stratégie se résume à se croire le plus fort et se dire que plus rien ne peut m'arriver sur 2000m. Je revois soudainement tous les kms parcourus sur marathon ou trail long: Médoc, Millau, Pyrénées, Paris, Réunion défilent. Alors ces 2 bornes, je vais les avaler, les repousser, les écraser.
Passé le 8e, après 2kil de ligne droite planqué, un virage à droite nous renvoie vers l'arrivée avec un vent de face qui nous colle au sol, et à l'instint à présent, je décide de passer la 5e et débrancher un bout de cerveau en route. L'idée de prendre le relais de mon grand vieux me fait pousser des ailes, j'ai réussi à l'accrocher et maintenant je le dépose, yeah c'est ça qu'est  bon, je le remercierai grandement à l'arrivée.

Il s'agit maintenant de maintenir ce flot d'enjambées, au cardio endiablé, à l'envie mixée à la folie cette incroyable légèreté du corps. 
Un obstacle pour la beauté finale, je me retrouve à remonter 50m seul face au vent, la distance du groupe devant moi, autant dire une petite montagne à cette allure. A croire que je suis imprégné des conditions du Nord, j'aime ces conditions dantesques, le vent m'emporte (comme ma 1ere course, le semi de Paris en 2009) je reçois son énergie et sa force, je ne transpire pas, je suis dans mon élément.

Je rejoins le groupe, il reste 800m, je reconnais Paul, un collegue du club, je l'encourage à me suivre et je continue mon épopée vers l'arrivée. Maintenant fondu dans le flux, j'attaque la chicane à balle, le dernier 300 à bloc et enfin le dernier virage à droite. Au loin, je vois le chrono afficher 38'45, il me reste 40m, c'est gagné, je serai sous les 39', j'accèlere encore, je me fais coincer mais ce n'est pas grave, je lève le poing en l'air et passe la ligne d'arrivée le sourire aux lèvres ça, c'est fait, et bien fait !

Je retrouve le club, remercie Jérome le coach ( qui a tourné en 32'10'' !) sans qui je ne serai certainement pas là. L'ensemble du groupe a performé, Nelly sera passé en 38'30'', Victor et Laura, avec qui je fais mes séances au club, sont en 37'01'' (énorme perf) et 37'45''.

Il est bon se savourer cet instant mais il est temps de se tourner vers des choses plus sympathiques et répondre à l'appel de la montagne! C'est la fin de la 1e phase de l'année: 10 semaines, 250 km, avec beaucoup de vitesse et de rythme en course à pied, associé à un gros dénivelé 30 000+ en ski de rando. A noter surtout le non-réveil de blessure...

A présent, je vais préparer tranquillement ma saison de trail par un travail de bosses, par un cassage et renforcement des fibres, et par un allongement des sorties, tout en préservant une diversité des approches sportives !!!

Prochain rdv le 7 avril pour le trail de la Sainte Victoire à Aix en Provence, 30km et 1200+ au menu puis en number 1 du printemps, direction Annnecy le 25 mai avec le demi-tour du lac par les sommets pour grimper 2700+ et parcourir 42km.

En résumé: des courbes et des chiffres :
Les temps au kilo: 
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La Vitesse
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Le cardio:
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