samedi 7 juillet 2012

Kilian's Classik, 07 juillet 2012

Après 3 années de retour à l’école, je pars profiter de ma 1e saison de grandes vacances d’été ! Une couleur montagne voyage en donnera le ton. Deux étapes amicales bordelaise puis toulousaine honorées, mon travel mountain summer trip en solitaire prend ses repères dans les Pyrénées.  
paysage font-romeu
logoL’idée de placer un trail long dans un voyage me tentait depuis longtemps. Mon chemin s’arrêta rapidement sur celui de Kilian, son enfance et son décor, à en lire ceci : « La philosophie de la Kilian's Classik s'exprime sur une vision du trail complète, celle de sportifs amoureux d'une nature qui se découvre devant soi, d'itinéraires splendides qui rayonnent sur le haut plateau Cerdan. La course pour découvrir les Pyrénées Orientales et y revenir ! Un itinéraire magique à travers les 2 vallées lacustres préférées de Kilian: celles du Péric d'abord puis celle du Carlit."
Les kilomètres passent vite et on ne se lasse pas car il se passe toujours quelque chose sur ce parcours, il y a toujours la nature pour captiver votre attention et vous donner cette impression de liberté, de bien être... » Convaincu, j’organisai mon début de séjour autour de cet heureux évènement.
Sportivement, c’était l’occasion d’acquérir une 1e expérience en trail long en montagne. Départ à 1800m de Font Romeu et un passage à 2600m ! Pas d’objectifs précis sinon réaliser une rando active plutôt qu’un trail running à proprement dit, résister à 6-7 ou 8h d’efforts dans les meilleures conditions et sensations. Un parcours qui, après une première partie assez facile, présente quelques difficultés techniques, mais qui reste dans sa grande majorité roulant, et qui se réalise entre 2200 et 2750 mètres, exceptionnel !
Au niveau des résultats, ça se résume par ces chiffres :
Capture stat 1Capture stat 2
Je termine 168e sur 284 partants au général, avec 228 arrivés. Chez les hommes: 155e sur 257 et dans ma catégorie senior: 88e sur 137 :
Le test du trail de montagne (du vrai trail...) est donc validé, les jambes et le cardio ont tenu dans la longueur sans me mettre dans le rouge. J´ai gardé de bonnes sensations et du plaisir tout du long et c´était bien ça mon objectif de course. Je suis donc très satisfait à ce niveau.parcours alti
Par contre, les relances ont été très douces, les plats et descentes sur un rythme de footing léger et les montées en marche rapide évidemment. Sur la fin, j´ai quand même envoyé le petit sprint sur la ligne d´arrivée pour l´honneur.
2012-07-07_08-49-01_351Sur la course en elle même, après un petit concert la veille sur la place du village, une bonne nuit en camping et un réveil en douceur sous le soleil à 7h du mat, je me rends sur la ligne de départ pour 9h où la bonne ambiance détendue et colorée du trail m´attend. Du beau monde sur la ligne de départ avec kilian jornet (champion du monde) et une trentaine de ses potes du monde entier du team salomon.
Un parcours relativement roulant mais exigeant se profile autour de Font Romeu, du Pic Carlit (2900m) et du Pic Peric. On est dans les Pyrénées Orientales, pays de la Cerdagne, près de la frontière espagnole et d’Andorre. Un tracé conçu spécialement par kilian, chez lui sur son terrain d´entrainement. Autant dire qu´il n´y aura pas que du bon sentier de GR10. Deux parcours, un 25 et un 45km sont proposés avec un départ commun.
2012-07-07_10-12-03_4521760m, départ depuis la rue principale de Font-Romeu, ça part tranquille par une côte sur le goudron, on se retrouve vite dans un bouchon puisqu´un single très mal pensé pointe son nez dès 600m, seul erreur de parcours, le reste est un caviar très bien balisé. On monte ainsi une pente légère pendant 7 km jusqu´au plateau de la Calme, 2050m, où débute les pistes de ski. C´est le moment des réglages de sac et autres mise en route pratiques J´arrive au premier ravito en 55mn et en 140e place, en milieu de peloton. Je me sens en forme, ça répond bien, on est sorti de la forêt, passé par des pâturages, croisé des vaches, juste une bonne brise qui fait du bien.

On enchaîne
 par la 1e montée sèche sous un télésiège, il y a du monde, ça marche, ça me convient, on passe devant la camera, un sourire et bim en haut, on découvre les sommets qui nous attendent plongés dans un ciel bleu azur sans nuage et parsemés de nombreux lacs par ci par là. Première descente en lacets sur une piste large, je déroule à bonne allure pour la 1e fois et quasiment dernière fois de la journée... 
Au bord des bouillouses, en chemin vers le Peric au loinOn arrive sur le lac des Bouillouses à 2000m, au km 10, en 1h28 et en 139e position. C´est en fait un barrage qui permet d´alimenter... un train, le train jaune touristique, le plus haut d’Europe paraît-il. En tout cas, il offre une belle étendue d´eau où les montagnes viennent se jeter. On change aussi de végétation, on à une ambiance sentier littoral entre pinèdes, rocailles et petits ruisseaux.
Au pied du Peric, dans la montéeIci se sépare les deux parcours, le 45 part longer ce lac, qui offre ainsi un petit instant de répit fait de petites montées descentes un peu techniques. Ca me convient très bien et je réalise mes quelques bonnes relances de la journée durant 20mn.
Après 1h49, au km15 et une 126e place, on arrive au pied de la plus longue difficulté du jour, 5km de montée pour 600m de D+, pour aller chatouiller les contreforts du pic Peric. Je prends un petit isostar au bretzel, une petite pensée à julien et perrine au passage, et c´est parti, je sors les bâtons et je déroule un pied après l´autre de bonnes enjambées. Ça monte, ça monte, des efforts sont sollicités, les lacs se succèdent, les paysages sont de plus en plus magnifiques.
J´atteins le ravito de l´étang de la Llose à 2600m et le col en 3h05, au km20, vers une 100e place à mon avis, en doublant un certain nombre de coureurs dans la montée et en bonne forme, je me sens très loin de courbatures ou autres douleurs. Le soleil brille de toute sa splendeur, la brise s´est transformée en vent soutenu, j´ai sorti ma petite veste achetée la veille, un vrai craquage qui n´en fut pas un au final...
Le long du rec de la llose avec vue sur le Carlit,En haut du col, pres du l'etang de la llose et du ravito, km 17, 2h45Vue de l'autre coté, magnifique avec une descente ultra raide juste derrièreJe pense alors que la descente se profile bien, qu´une arrivée en 6h est jouable... Mais, si jusqu´alors les sentiers étaient bons, la suite s´avérera autrement. La 1ere descente se fait dans un pierrier bien raide, un bon 35%, les chaussures qui n´accrochent plus et le défilé de coureurs me doublant commencent. Après quelques glissades et des appuis pas toujours contrôlés, on enchaîne par une descente en plein champ ou presque, et ça commence à taper sévère dans les cuissots:

Premier passage à vide, on atteint la vallée merveilleuse de la Grave, suivant le cours d´eau, au milieu d´un cirque formé par les plus hauts sommets du coin dont le Carlit droit devant.Descente légere le long du rec de la Grave
23e km, étang de Rocou, 2200m, fin du plat descendant, 3h44 de course, 150e. Je ne suis en fait qu’à la moitié du parcours et autant dire que je prends un coup au moral après avoir plutôt subi cette dernière portion tranquille..
Deuxième coup de grâce de kilian, au détour du virage la seconde difficulté en pleine face, 200m de d+ sur 500m de long, soit un bon 25% de pente...
Je partage cette vision avec un autre coureur, je ressors les bâtons, et je repars un pied après l´autre, au cardio, et finalement je retrouve les sensations de la 1e montée, avec quelques suées en plus, il est 13h, le soleil au zénith, le vent toujours très fort.
Le col franchi à 2400m, c´est une nouvelle descente qui se prépare, avec normalement, le plus dur effectué. Je ressens alors un mélange de satisfaction et d´épuisement, des lourdeurs malencontreuses mais une conviction à arriver au bout en gérant convenablement la soit disant partie descendante de la course...
Je prends ainsi mon temps, enfilant le t-shirt de la course avec kilian sur le dos, ca fait pousser des ailes... Je redémarre plat du pied.
photo kilian
L´alimentation commence à être difficile, j´arrête les gels, j´arrive au ravito de l´étang de Trebens au km 26, 2300m d´altitude, où est proposé jambon et fromage, alors je m´enfile plusieurs rations arrosées au coca et à l´eau, du bonheur, mais il va falloir digérer sur les sentiers qui suivent, et attaquer les derniers 20kms, ça fait 4h52, je suis 165e...
Alors, je continue le petit trot, on retrouve les bons sentiers de GR, on croise pas mal de randonneurs et de pêcheurs qui nous encouragent, on passe de lacs en lacs, quelques forêts, des petits singles, des chemins de pierre un peu plus techniques, c’est cool, c’est beau mais je reste à un rythme très tranquille, je m´en sens pas la force de dérouler plus. On est rarement plus de 3 à courir ensemble, la plupart du temps, je suis esseulé à 100 ou 200m à la ronde.
Un etang parmi les 15 traversésLe parcours est toujours autant agréable, cette portion est propice aux bonnes relances, mais il reste encore une quinzaine de kilo, deux heures de course, je gère jusqu'à ce qu´un type commence à évoquer la barrière horaire. Au même moment, un groupe de 6 personnes me double, et je me décide à reprendre du service, je me mets d´abord dans leur foulée, j´en chie mais je m´accroche et là encore, dans la difficulté, je retrouve des ressources, je prends alors un peu le large avec une fille qui m´emmène, ce n´est jamais désagréable, on aborde une côtelette, le cardio suit, je continue et je me sens pas mal. Je pars donc sur cette lancée et me remets à rattraper du monde, je décroche la camarade, c´est roulant, on est sur un plateau, mon entrainement de parisien est en train de payer!
Dernier ravito complet, km 37 au lac des Pradeilles à 1970m, 6h19 de course, l´objectif de temps est bien évidemment repoussé une première fois à 7h..., mais les 9 derniers km ne pouvaient être un long fleuve tranquille. Déjà, intestinalement parlant, le ravito ne passe pas, je repars tout tendu alors que je sortais d´une bonne passe, tant pis, je ne force pas, je marche, trottine, puis attaque la dernière difficulté de la journée, et pour la 3e fois, je retrouve mes jambes de montées, avec un cardio qui gère! On sort de la forêt prêt à basculer vers Font-Romeu, mais c´était sans compter sur la pâte de kilian, on se retrouve face à un mur, une piste noire à remonter en ligne droite de 300m pour 100m+, à 20%, la blague du 40e km !!
Derniere montee par une piste noire
Allez, ca sent la fin, on se soutient dans ce périple, on bascule, on dit au revoir au Peric, Boullouises et autres beautés, et on attaque vraiment la dernière descente,  dernier ravito, dernier single, dernières rivières, derniers encouragements, 5km à tirer, c´est quoi? de la fatigue, de la douleur, un peu, du courage, de l´effort, un peu plus, de l´endurance, de l´entrainement, beaucoup mais surtout et encore du plaisir et du bonheur d’entrevoir l’accomplissement d’une belle journée.
En tout cas, je déroule ou presque jusqu´à l´arrivée, je rentre dans le village, dernier virage, et je vois la banderole et un type derrière moi qui me pousse à placer une petite accélération. Il est 16h45. J´en ai fini !
Prochain et dernier rendez-vous pour clôturer cette année "TRAIL" le dimanche 28 octobre 2012 avec le festival des Templiers à Millau, 71 km, 3250+, départ à 5h du mat´.
Pour l´anecdote, j´avais un bus à prendre à 17h50, direction Barcelone, une tente à replier, un sac à faire, et une douche que je ne prendrais pas....
2e anecdote, pour se mettre en jambe, je sortais d’une rando-bivouac de 3 jours dans la Cerdagne afin de m´acclimater dira-t-on!
Ecrit à Barcelone, Plaza Graça
Pour les photos, c’est ici:
Pour aller plus loin :
Le site officiel:
Une vidéo des champions :
Le récit de Remy Marcel :
Un article de l’Equipe :