dimanche 30 novembre 2014

Trail des Allumés, 15km, 300+, de nuit, 22 novembre 2014

L'heure de tirer un trait sur cette année riche en sport et en trail va sonner dans quelques semaines. Le rdv de fin d'année se passera du côté de la Saint-Etienne et Lyon et ses 70km nocturnes, froids et roulants, la nuit du 5 décembre. Mais le sujet ici concerne un autre événement populaire, aussi de nuit et en mode automne-hiver, beaucoup plus court mais surtout plus au Nord !

Direction la Picardie, avec ma cessou. L'occasion de faire un crochet par ma famille et de retrouver les potes. 3e participation à mon actif, le trail des allumés est l'une de mes premières courses où je commençai à tourner, il y a maintenant 3 ou 4 années. Du coup, j'avais envie de mesurer les progrès réalisés depuis là. Ensuite, à l'image de la Transbaie (aussi en Picardie), l'ambiance est super, chaleureuse à souhait, sans pression sauf pour la bière et attractive autant pour les coureurs que les spectateurs avec  sa choucroute à l'arrivée. Enfin, plus sportivement, le parcours et les conditions se rapprochent bien de SaintéLyon et ça fait une très bonne dernière sortie rapide.

Les affaires commencent vers 17h avec l'arrivée sur place à Namps au val, 200 habitants à 20km d'Amiens, dans la picardie vallonnée (ouioui, ça existe) et boisée. La température est scandaleusement élevée, pas de pluie, pas de vent, juste l'humidité du soir pour rendre les chemins boueux et les singles glissant sur les feuilles.
Check des affaires assez rapides, frontale ok, gants ok, buff ok, manchon ok, lacets (pas ok...) pas de sac, pas d'eau. Petite mésaventure, je réalise aux toilettes que je n'ai pas mon dossard dans la poche, oups, il est resté sur la table et ouf, il était toujours là.

On retrouve les copains, Kiki, Amo, Chassou, Tonio, Simon et François. 17h30, début d'échauffement sommaire où les anecdotes prendront le dessus sur le monté de genoux. 17h50 on se rapproche de la ligne de départ. A mes souvenirs, c'était bien compliqué, donc je reste aux avants postes. Pas raté, 17h56, PAN !!

Départ rapide dans le village en descente toujours assez dangereux. Je bouscule vite fait. Avantage d'être devant, on a vite de la place, c'est encore nouveau pour moi mais je commence à m'y habituer et c'est plutôt bon signe. Un gros peloton d'une 20e de coureurs ont lâché les chevaux au starter, je décide de ne pas coller mais de suivre mon allure.

Ma stratégie est plutôt de faire une course progressive et doubler plutôt que de me faire doubler. Sur le classement, j'avais du annoncer un top 10 ou top 20 il y a un mois ce qui m'envoyait sur des bases de 1h05, 1h10. Mais ceci ne veut rien dire puisque d'une année sur l'autre les conditions changent. Après, avec 1200 personnes au départ, j'imaginais bien qu'il y aurait quelques avions de chasse qui tournent en moins de 35' au 10km et qui sont donc intouchables.
En ce qui me concerne, je n'ai aucune référence sur du court cette année. Seuls les entraînements pouvaient m'annoncer une forme certaine et des perfs potentiellement bonnes et en progression. Notamment, deux-trois séances de seuils qui ont vraiment bien tourné avec un maintien d'allure rapide et une gestion de l'intensité bien plus longue.

Bref, je sors du village en 30-35e position. Je regarde derrière la belle ribambelle de frontales, difficile de reconnaître quelqu'un, mais j'ai l'impression que les potes n'ont pas suivi. C'est que j'ai une certaine pression puisque deux trois lascars viennent de signer des chronos qui réduisent mon petit matelas d'avance.... C'est d'ailleurs une autre raison de ma participation, remettre les pendules à l'heure :)
On attaque la 1e côte, longue d'1 km avec une faible pente qui permet de largement courir. Je la monte en tranquille +, pour chauffer le cardio uniquement. Par contre, arrivé au sommet, je place une 1e accélération et pas raté, je remonte aisément une première salve. Des écarts importants s'étant quand même crées, je maintiens en fait l'accélération sur le plat avec un bon 15 km/h dans la boue pour retrouver un nouveau groupe de 7-8 coureurs. 1e cartouche grillée, je me cale un peu. 
Mais arrive la 1e descente légère et de nouveau je me propulse à l'avant du groupe et je déroule largement à 17km/h, plus à l'aise que mes compagnons. Ca doit venir en partie des chaussures, vive les fellcross avec ses crampons de 8mm ! 
On m'annonce une 21e place après 4km et 16mn de course
2e mésaventure, je perds 10 sec à refaire mes lacets, 5-6 coureurs passent ... 
Retour dans le village, fin de la 1e boucle, ambiance de feu en Picardie, du monde partout sur 500m. Passage délicat puisqu'en côte et emmené par la foule, tout le monde se sent accéléré. Moi le premier.

Je savais la sortie du village comme un tronçon difficile du parcours avec un long faux plat montant de 3km. Pas raté, petit coup de mou dans les jambes et dans le ventre. Il reste 10km, c'est beaucoup, je sais que j'ai d'autres cartouches à utiliser plus tard et plus intéressantes. Je baisse d'un ton l'allure à 12km/h. Je me fais doubler par un coureur qui me semble bien plus frais que moi, je laisse partir. Puis, deux personnes en visu à 30m, trop loin, pas grand monde derrière non plus, c'est donc parti pour faire la traversée des champs seul et gérer individuellement. Un bon entraînement!

C'est pas si pire, les 5mn s'écoulent et on aborde la partie forêt avec plus de variation et de changement de rythme, de montée et descente, de chemin et de single. Et voilà, les sensations reviennent, à la moitié du parcours ou presque, km7, 28mn, puis nouveau check, km9, 38mn.

Puis, la chasse paye, je recolle à 3-4 coureurs au meilleur moment. C'est le retour qui commence par une montée sèche sur 50m, l'occasion de sortir les cuissots montagnards, d'en mettre quelques uns sur le carreau et de remettre la confiance au beau fixe. A la sortie, c'est de nouveau un chemin large, plat et tout droit, c'est l'heure de la 2e cartouche, et d'entraîner le coureur qui m'avait doublé à la sortie du village!
Je sens qu'il n'y a pas grand chose qui pourrait m'arriver, des sensations de course unique, des pensées simples, les efforts consentis, le temps consacré et l'aboutissement d'une saison me pètent dans les jambes et dans tout le corps, Yalla !

Pas grand chose peut m'arriver sauf ... une erreur de parcours, 3e mésaventure, une rubalise se trouve en plein travers de la ligne droite et envoie sur un single en contrebas. Aucun souvenir de ce détour, peut-etre une variante, pourquoi pas, mais après 30m de cogitation et des frontales aperçues au loin, je décide de faire demi-tour, le groupe me suit et on reprend la ligne droite. Pas de rubalise, plus de coureurs devant, oups. Tant pis on y va de plus belle, et après 500m, on la retrouve puis on retrouve des baliseurs, ouf! Je leur demande où ça en est devant mais il parait fin fait abasourdi comme un chasseur intégrant le passage de sangliers!

Bref, au pire, on a pris un raccourci. La course continue, 55mn, 12,5km, l'alternance de single et de chemin boueux, de petites bosses, de relance, le passage de la corde, me mettent bien, on prend le relais avec toujours le même compagnon de route.

Enfin, on traverse la route, ça sent la fin, 3e et dernière cartouche, une descente suivie d'une nouvelle traversée de champs pleine de boue à 15-16 km/h. Je ré-aperçois enfin un coureur dans le viseur. Une dernière pente se profile, pas assez forte pour marcher mais trop faible et surtout trop proche de l'arrivée et trop d'envie pour la gérer alors j'envoie ! Pas assez pour récupérer le coureur avant le haut de la bosse, mais l'écart s'est réduit. A la bascule, je sais que c'est le retour dans le village, tant pis !

Les encouragements de la foule surviennent au détour d'un virage dangereux puis un "allez matthieu" qui détonne et dont l'auteur m'est immédiatement reconnu. Yes Clément est là, alors pour lui, j'envoie la grosse pastèque dans les 200 derniers mètres descendants et je reprends le coureur à 15m de l'arrivée !

Une course plus qu'aboutie et convaincante, 1h05mn34'', une 15e place, 14 km/h de moyenne pour 330m+ et un terrain accidenté, que du plaisir, malgré un coup de mou en milieu de course.

Pour l'histoire, je relègue le 2e et 3e chazou à 10mn, alors que 3mn30 me sépare du premier, Debil-Caux, 15e à l'ironman d'Hawai. J'apprendrais qu'il s'est effectivement perdu en chemin...

Maintenant, dans une semaine c'est la SaintéLyon !

le site officiel
L'article du Courrier Picard