dimanche 28 octobre 2012

Templiers 2012

La 18e édition des Templiers à Millau aura tenu toutes ses promesses...ou presque, à quelques détails non négligeables près!

Hormis le fait que je n'ai pas la médaille de finisher et que je n'ai pas pu envoyer du gros comme souhaité, ça fut un très beau et bon moment de ma petite vie de trailer!

Commençons par le commencement, les préparatifs sont un peu compliqués au vu des conditions météo annoncées, grand froid qui s'abat sur toute la France et en particulier à Millau avec des températures négatives au départ et proche de zéro toute la journée avec surtout un vent fort et glacial. Alors, je prends la panoplie complète, du pantalon à la polaire sans oublier les gants et le bonnet.

Au niveau bouf, je me prépare aussi le menu complet dans le sac pour ne manquer de rien et trouver la bonne saveur au bon moment, on envoie du gel et de la barre à gogo, des gateaux, des fruits secs et du chocolat sans oublier le salé: cacahuète, jamon, saucisson et petite tomme!! et au dernier moment, au cas où, je rajoute le petit elixir de chartreuse que finalement je laisserai à l'hotel, mais qui aurai pu être d'une grande utilité publique...)
Trajet tranquille avec des anciens en bmw svp

Arrivée à Millau le samedi en fin de journée sous le soleil et dans le froid.
On récupère les dossards, chaud comme j'étais, j'arrive à changer de sas pour partir devant en sas 2. Finalement, je perdrai la petite pastille bleue et on me refusera l'entrée au sas manu militari ou presque...
Un grand salon du trail est installé avec présentation de milliards de course, histoire de se mettre en appétit, j'en retiendrai une: le grand 73 dans les Bauges au départ de Cruet chez ma soeur le 25 mai 2013 avec donc 73km et 4800+.

Revenons à Millau, je retrouve les collègues de chambré, trouvé sur un forum pour partager l'hotel, on est 5 dans 12m², bonne ambiance et bonne rencontre, on part manger ensemble au copains d'abord, dernière plâtrée de pâtes bolo - coca, un resto du samedi soir à 13€, je veux bien recommencer !
Physiquement, je suis là, même si il faut que je parle de mon fameux genou gauche, et plus précisément, de la partie extérieure que l'on pourrait appeler le tenseur du fascia lata de la cuisse ou la bandelette ilio-tibiale qui se déplace à chaque foulée d'avant en arrière à la manière ... d'un essuie-glace, et vient frotter et parfois s'accrocher sur le condyle fémoral externe du genou... Douleur ressentie plusieurs fois pendant la préparation qui prend le genou et t'envoie des bouahh arf hi aie plus ou moins forts.

Mentalement, je sens une certaine pression et animosité mais relativement calme et relâché du peut-être à l'incertitude de ce genou!
Bref, au lit à 21h ou 22h, le problème du changement d'heure commence, qui met le réveil, à quel heure et comment... Enfin la nuit, toujours difficile à s'endormir mais je trouve le sommeil vers minuit, ce sera suffisant!

La grande journée peut alors commencer, enfin essayer, à 5, aucun n'aura réussi à faire sonner son réveil ! Heureusement, à 3h34, nouvelle heure j'ouvre l'oeil et je réveille toute la pièce! Pti dej de champion, on constate le froid de la nuit mais un vent qui s'est calmé, tout le monde met le short alors je le mets aussi, en haut, ce sera la triple épaisseur, t-shirt technique, soft shell de ski puis coupe vent léger.
On descend ... en courant jusqu'au départ, 1,5 km pour le plaisir, l'afflux de traileur ou de clowns de toutes les couleurs, frontales en tête, compressions et technologies de partout, on prend place au milieu du peloton, il est 5h, 15mn de sardine, bon ça se réchauffe, ça passe vite, ça discute un peu, moi pas trop, je suis avec christian de la chambre.

Plusieurs interviews et discours d'avant course dont celui de Bertrand Gilles qui nous raconta l'anecdote du berger lui expliquant que le trailer allait trop vite pour écouter le son du vent qui façonne la véritable nature du causse, force de constater que ce dimanche, chacun le sentira bien passé!  Et puis, la petite phrase du champion Andy Simonds nous expliquant que tous là, derrière la ligne, on a de la "chance" d'être là et qu'à partir de là, ce n'est "que' du plaisir... à méditer!

Enfin la musique d'eva retentit, cinq, quatre, trois, deux, un et... zéro, le top départ est lancé, les premiers partent à l'assaut des 71 kms suivis par tout le peloton, une immense marée humaine et de lucioles s'étire le long de la rivière sur un premier plat de 3km. On se réchauffe, on se chauffe, on prend son allure, on remonte le long de la route, on déroule à un pti 13 km/h avnt d'atteindre le petit village de Carbassas et attaquer la première côte de 470+ sur une piste assez large. On s'élève assez rapidement, la pente est bonne, premières marches, et ... premières traces de neige fraiche, une fine pellicule qui recouvre le sol et les pierres, le sol est gelé en haut, on est à 800m,  et je ne peux que constater que je suis en pleine forme. La montée se termine au train, je retrouve des gens à mon rythme et on sort sur une partie boisée et roulante après 45mn et 6km.
La nuit est profonde dans les sous-bois, le froid est supportable, on est protégé du vent. Après quelques bosses très légères, on sort du bois, la clarté se dessine, c'est la pleine lune ou presque mais le ciel n'est pas complètement dégagé, le temps de repérer deux, trois étoiles, d'éteindre la frontale et le jour arriva vers 7h. Pour le soleil, il faudra revenir un peu plus tard.
Au km 15, 1h30 de course, on attaque la première longue descente sur Peyreleau ... par une route goudronnée dont je ne peux pas dire que je suis complètement à l'aise. 1er coup de bambou physique, mais un gel et puis c'est reparti. J'avais prévu de la faire relachée de toute façon, je me laisse doubler même si ça me fait chier mais la course est longue...
On atteint sur la fin un sentier plus technique, je suis un pti vieux qui y va tout tranquilou, mais à un moment, je ne résiste pas à passer devant et allonger la foulée... et tirer du coup sur ce genou

J'arrive au ravito, magnifique village en pierre, un public en nombre qui se réchauffe en nous encourageant, ça fait plaisir et du bien, km22, 2h15 de course, il est 7h30, on a grimpé "que" 700m,  je suis 478e, je me sens bien, et j'ai même 20mn d'avance sur mon "planning", je rempli juste le camelbak, je retrouve christian, et on repart aussi sec, direction la 2e ascension du jour, 450+ sur 4km de single.

Je sors les batons pour la première fois, et attaque par des pas longs et assurés le bas de la côte... qui ne durera que 2mn avant que la douleur du genou se ravive et m'annonce sans préavis la couleur de la journée, pas de bleu à l'horizon, pas de rouge non plus, mais celle que porte le nom du causse: du noir, du noir un peu clair, du gris quoi. A ce moment là, je comprends direct et un peu trop soudainement que ma grande course n'aura pas lieu, je repars la tête dans les chaussettes, je vois que ça grimpe très doucement niveau coureur, et j'arrive même à me coller au rythme sur un pied, les quelques passages moins raides se font en trottinant et ça passe. 

Bien que prêt à abandonner, je veux voir quand même un peu plus loin ce que ça donne, avec le grand froid, j'espérais que l'inflammation reste endormie et même si elle aurait pu rester au coin du feu chez elle, ça ne m'aurait pas dérangé non plus.
Je savais que ce passage à Peyreleau allait être décisif, pas manqué. Avec des si, je pourrais aller loin. Mais si j'avais fait la descente encore plus tranquille et si je m'étais arrêté plus longtemps au ravito....
Bref, à la sortie du causse, sur le plat, j'alterne les moments de marche et de course, je ne pense qu'à mon genou, comment le protéger, j'essaye le cloche-pied avec des batons béquilles, ça marche un peu mais qu'est-ce que c'est ridicule, je regarde les coureurs passés, dépités mais avec le sourire d'être là, je m'imagine en pleine forme sur ce terrain roulant qui me semble parfait pour allonger la foulée mais à défaut je prends des photos, je tape dans les provisions et je me caille le cul et puis j'avance quand même.

Je retrouve alors un autre compagnon de chambre, Maxime, qui visait aussi les moins de 10h, on discute un peu, beaucoup, et on court ensemble jusqu'au prochain ravito de St André de Vézines, km 34, 3h41, 9h, 1300m+ de deniv avalé, 565e, toujours dans les temps. Une lueur d'espoir renaît, je n'ai plus mal...  et physiquement je suis toujours au top, mentalement, ça va, je me dis que si j'arrive au prochain ravito qui est loin, très loin, il ne me restera que les 2-3 grosses cotes que je pourrais faire en marchant...
Sauf que jusque là, je n'avais toujours pas fait de descente avec ce genou douloureux.

Ravito avec thé chaud au menu, on refait le plein, je reste plus longtemps cette fois-ci, un peu moins de 10mn, ça caille, je cherche mes compagnons de route avec qui on devait repartir ensemble, et puis personne, je repars alors seul face au vent, au froid et au causse qui nous fait bien comprendre qui est le plus fort et qu'on est bien petit face à autant de beauté et de caractère. En effet se découvre devant nos pas des pierres taillées par l'érosion et le temps qui sortent de nulle part au tombant de la falaise, le fameux site de Roquesaltes, une ligne de crête idéale pour un beau trail et le soleil qui apparait pour adoucir cette matinée et entrer un peu dans ces moments de contemplation où on en oublie qu'on court... Jusqu'à ce que le chemin s'incline vers le bas, un peu trop, pour devenir une descente légèrement technique et escarpée et ressentir de nouveaux quelques contraintes à m’asseoir plusieurs fois sur le bord du chemin et penser sérieusement à arrêter, sauf que je suis au milieu de nulle part et qu'il va falloir descendre dans tous les cas!

J'arrive dans la vallée à la Roque St Marguerite avec quelques retrouvailles de sensations sur la fin, km 44, et surtout un moment de victuailles pour moi, le sachet de salé y passe, il est 10h40, je pose le pique-nique fromton jambon et qu'il est bon, et ça repart avec des jambes de feu pour attaquer une nouvelle côte de 350+.
Une montée nous amène sur le Larzac, elle est raide et parfaite comme je les aime pour faire de grands pas, les épaules en avant et pousser sur les quadris, On est en sous-bois, sur des singles, je reprends du baume au coeur, de l'envie toujours et du plaisir, j'en profite pour dépasser pas moins de 50 coureurs même si les bouchons ne sont pas un mythe, je me faufile comme aux plus grandes heures et je débouche à nouveau sur un causse dégagé à admirer le paysage. Ca commence à tirer et à rentrer dans le dur.

Le ravito de Pierrefiche est atteint assez sereinement, km 48, 6h de course, il est 11h15, presque 2000+ de dénivelé cumulé, c'est déjà pas mal mais je me sens surtout près à repartir, surtout que je suis toujours dans mes temps de 10h, même si j'ai perdu mon avance. Je tape alors 15mn à manger, prendre une soupe, boire une bière (sans alcool et à mon insu!) m'asseoir un peu.
Bon, il me reste 22-23 km, une petite cote puis une longue descente, un long plat dans un premier temps, et ensuite, deux petites bosses bien raides et une longue côte...
ça peut le faire, le prochain ravito est quasiment à a fin, je pars donc sur un long très long moment de vérité...

La première côtelette se passe bien, toujours à la relance, et relativement mieux que les coureurs à côté, on sort sur une corniche magnifique avec un panorama à flanc de falaise sur la vallée de la dourbie qui serpente jusqu'à Millau et au fond le viaduc majestueux qui se dresse face à nous, histoire de montrer que l'homme aussi est une force de la nature... sauf que ça j'y crois un peu moins et du coup, c'est plutôt le coup de bambou derrière le genou.

Je vais conclure rapidement et ne pas m'épancher sur le demi- calvaire que fut cette dernière longue descente, je comprends que c'en est terminé dès les premiers mètres. 1h30 plus tard, j'arrive au pont de Massebiau, km 61, je rends ma puce à l'organisation et je me cale dans la navette au chaud, direction l'arrivée à Millau. Le conducteur me demande si je connais ce type extraterrestre "Jorné" qui fait la une de l'équipe mag, je lui réponds que oui, un petit peu, et je lis son itw pour me changer les idées... ou pas!

En résumé, je n'ai pas pu aller au bout des Templiers, à cause d'un genou usé par l'entrainement. Je suis donc un peu déçu mais surtout frustré de ne pas avoir pu testé mes capacités et ma préparation sur une course comme celle-ci.
Surtout que j'ai quand même suivi mes temps de passage de 10h sur 50 bornes avec une déconcertante sensation de facilité, de résistance, de non-fatigue, voire être étonné de la lenteur de la course, 7-8 km/h de moyenne, ça laisse de la marge.  et aussi d'avoir récupérer immédiatement sans douleur musculaire quasiment.
J''ai essayé de ne pas forcer, j'étais prêt à abandonner avant le départ, et je n'ai jamais cherché à aller au bout coute que coute, mais je voulais quand meme essayer de voir jusqu'où je pouvais aller tout en restant dans un état potable.
J'ai réussi à garder ma lucidité et avoir su dire "j'arrête" même si il ne me restait plus que 10km, que j'étais large sur la barrière horaire, et qu'en forçant un peu, ça serait passé... Et puis, terminer dans la douleur et la souffrance ne m'intéressait pas cette fois-ci, il y en aura d'autres et puis c'est tout!
Je suis déjà satisfait d'avoir fait une belle balade de 7-8h dans les causses, d'avoir profité de l'ambiance générale du départ et de la course
Les conditions de froids ne m'ont pas dérangé plus que ça, j'ai juste failli perdre des doigts après le 2e ravito.
Quant au genou, ce serait plutôt un classique, le syndrome de l'essuie-glace, donc rien de grave mais beaucoup de gêne.

C'est donc une expérience que je ne regrette pas, qui arrive au bout d'un processus long et qui me donne juste l'envie de revivre ces aventures de trails longs, ces instants où le temps s'arrête car il s'écoule sur des heures et des heures.

Maintenant, ce sont 2 bonnes semaines de repos complet, puis une saison de ski de rando et de fond avant, sans doute et j'espère, rechausser les chaussures en fin d'hiver et attaquer de nouveaux trails au printemps (qui pourrait etre entre raid 73, aravis, grand ducs...)

Peut-être aussi un petit cross ou trail blanc pour garder le contact et aussi un triathlon cet été!
Enfin, avec 1 836 835 pages vues, un record de fréquentation pour un site dédié à une course à pied, cela explique les difficultés de connexion pour suivre la course...

A bientôt

Matthieu

PS: les photos sur le lien ci-dessous:
https://plus.google.com/photos/112232170104442426763/albums/5805863158315440465?authkey=CLXrntHw97WBVg